Les chiens sont des carnivores. Aussi, à l’état sauvage, ils ont besoin de chasser pour pouvoir se nourrir. Ils doivent être capables de repérer une proie, de la poursuivre, et de l’attraper. Cette capacité est essentielle à leur survie, elle est donc ancrée dans leur comportement inné : c’est ce qu’on appelle l’instinct de prédation, ou instinct de poursuite.
Qu’est-ce que l’instinct de poursuite du chien ?
Bien qu’avec la domestication le chien n’ait plus besoin de chasser, il a particulièrement bien conservé cette faculté. C’est d’ailleurs une réaction complètement normale, qui se retrouve plus ou moins exprimée chez tous les chiens, et ce, quelle que soit leur race.
Elle est toutefois plus représentée chez certains individus, comme ceux appartenant à des races primitives (plus proches de la nature sauvage du chien). Pour d’autres, elle a même été spécifiquement conservée pour être utile à l’Homme. C’est par exemple le cas des chiens de chasse, sélectionnés pour savoir pister et traquer une proie, ou encore des chiens de berger qui doivent apprendre à fixer attentivement les troupeaux ou à les protéger en chassant les étrangers.
La séquence de prédation chez le chien
L’instinct de prédation peut grandement varier d’un individu à l’autre, et d’une race à l’autre, mais ce comportement suit toujours le même schéma, qu’on appelle « la séquence de prédation ».
Elle est constituée de différentes étapes :
- Visualiser une proie potentielle : l’entendre ou la voir ;
- Fixer la proie du regard, et ne pas lui tourner le dos ;
- Poursuivre la proie : doucement (pour ne pas se faire repérer) ou bien rapidement (si elle s’enfuit), et éventuellement en la pistant (s’il la perd de vue) ;
- Attraper la proie, la mordre ;
- Secouer la proie violemment ;
- Tuer la proie ;
- Manger la proie.
L’ouïe, la vue et l’odorat jouent un rôle majeur durant cette séquence. Tous ces sens ne vont être qu’au service de la chasse, et le chien va totalement occulter son maitre pour se lancer à la poursuite de sa proie.
L’instinct de prédation est ce qu’on appelle un « patron-moteur » : c’est un comportement inné, qui nécessite de se perfectionner, et qui est autorenforcé. Par conséquent, si le chien mène une chasse jusqu’au bout (ou qu’il passe une nouvelle étape de la séquence), la récompense intrinsèque, c’est-à-dire le degré de satisfaction et de plaisir apporté, va renforcer ce comportement et lui donner envie de recommencer.
Toutes les phases ne sont pas exprimées par tous les chiens : certains vont trouver plaisant le simple pistage, d’autres encore la course-poursuite avec leur proie. Mais plus l’animal va loin dans la séquence, et plus il peut y prendre du plaisir. Il est alors de plus en plus difficile de le raisonner et d’atténuer ce comportement.
Si les chiens d’utilité (berger, chasse) ont été sélectionnés pour stopper leur séquence de prédation à une étape déterminée, celle-ci reste toutefois la même, et ils peuvent avoir tôt fait de vouloir la mener au bout, poussés par leur instinct. Ainsi, un chien de berger peut par exemple mordre un mouton, ou un chien de chasse tuer sa proie. En particulier s’ils sont utilisés à des fins professionnelles ou sportives, le maitre devra être vigilant tout au long de leur apprentissage et de leur éducation, afin d’arrêter la séquence au bon moment, d’éviter que le chien ne la poursuive de lui-même et donc que le comportement recherché ne dévie.
Les dangers de l’instinct de poursuite
S’il est impossible d’éliminer complètement ce comportement naturel du chien, il reste important de faire le maximum pour l’atténuer, et pour pouvoir canaliser son animal. Même s’il s’agit moins d’une réaction d’agression que d’un instinct de survie, la prédation peut être dangereuse pour lui. En effet, ainsi pris dans le jeu de la poursuite, le chien peut être amené à fuguer, se perdre, et être responsable ou victime d’un accident.
Il est donc essentiel de savoir observer son animal et de pouvoir repérer les premières phases de la séquence de prédation afin d’intervenir au plus vite et de focaliser l’attention du chien sur soi et non plus sur sa proie.
Choisir son éleveur et être attentif au comportement de son chiot
Dans tous les cas, sélectionnez un éleveur qui socialise correctement ses chiots, les fait rencontrer des humains de tous âges, et d’autres animaux, et qui évite de déclencher trop tôt cet instinct de prédation. Ce conseil est bien sûr encore plus important à suivre en particulier si vous vous orientez sur une race prédisposée à la chasse, sur un chien de berger ou un chien primitif.
Une fois arrivé à la maison, soyez vigilant dès les premiers jours afin de ne pas lui donner de mauvaises habitudes. Les promenades ne doivent pas s’effectuer en liberté tant que le rappel n’est pas maitrisé et surtout il est essentiel de rester toujours attentif au comportement de votre animal, d’autant plus au tout début.
L’instinct de prédation se reconnait notamment par une capacité de chasse très développée, et certains comportements peuvent vous alerter très rapidement chez votre chiot:
- À la maison, s’il secoue violemment ses jouets dans sa gueule (imitation du secouage à mort d’une proie), ou en s’excitant à la vue des autres animaux du foyer (voire des personnes),
- À l’extérieur, s’il veut courir après les animaux sauvages (les écureuils, les oiseaux, les petits rongeurs…), mais aussi tout simplement dans la poursuite de « proies » comme les vélos, les voitures, ou encore les humains qui bougent (joggeurs, enfants…).
Comment éviter que mon chiot ne poursuive tout ce qu’il voit ?
Une bonne éducation en prévention
Travailler sur la confiance et débuter son éducation rapidement
Il est tout d’abord essentiel d’avoir une relation de confiance avec son animal, que vos moments de partage soient positifs et suffisamment satisfaisants pour lui. En effet, si votre chien ou votre chiot se sauve pour courir après ce qu’il pensera être une proie, et que vous souhaitez le rappeler, il faut que le retour vers vous soit plus attractif que la chasse ! Pas si évident que ça s’il n’a pas confiance en vous ou qu’il a peur d’une éventuelle correction !
Une éducation positive renforçant les bons comportements est idéale pour créer un lien fort entre le maitre et son chien et va permettre à votre compagnon de vouloir revenir vers vous.
Dès son arrivée dans votre foyer, vous pouvez débuter son éducation par les ordres de base (assis, couché, au pied). Une maitrise parfaite du rappel et du « couché » à distance vont d’ailleurs s’avérer être des outils précieux en cas de fuite !
Par ailleurs, de nombreux autres renforçateurs sont à votre disposition : friandises, jeux avec le maitre, séance de gratouille ou jouet fétiche… Il est important de savoir très tôt quelle est la chose qui plait le plus à votre compagnon et de tâcher de trouver si possible une récompense qui sera plus puissante que la chasse.
Une socialisation capitale
Si l’éleveur du chiot doit avoir débuté sa socialisation lorsqu’il arrive au sein de son nouveau foyer, il est primordial que son maitre la poursuive. C’est d’autant plus essentiel qu’elle se pratique au quotidien et dès les premiers jours à la maison.
Le chiot doit être confronté à diverses choses et à différents environnements. Il doit côtoyer d’autres chiens, mais également d’autres espèces animales, ainsi que des enfants et des adultes dans tous types de situations. Ainsi, il comprendra rapidement que cela fait partie de son milieu normal, et qu’il ne s’agit pas de proies.
Des jeux pour apprendre au chien à se contrôler
Proposer des jeux stimulant l’instinct de poursuite, comme lancer la balle, un objet qui couine ou tirer à la corde, est souvent déconseillé. Néanmoins, il est possible d’utiliser le jeu pour apprendre au chien à contrôler ses émotions. Ainsi, en s’amusant de façon encadrée, on peut travailler sur :
- la maitrise du chien,
- l’arrêt de l’activité et la gestion de la frustration,
- le rappel (et on l’attend avec un très gros renforçateur).
Cependant, ce type de jeu doit être employé avec parcimonie et toujours dans le but de travailler sur le comportement du chien. Il ne faut pas que l’exercice dégénère, sinon on obtiendra l’effet strictement opposé.
Il est également essentiel de lui en proposer d’autres, comme des jeux de réflexion, pour varier et ne pas stimuler cet instinct.
Comment rattraper mon chien qui part en chasse ?
L’utilité de certains ordres
Comme je le disais, il est très important de commencer le travail en amont, en lui apprenant des notions indispensables telles que le rappel, ou le « couché » à distance. Ces ordres sont utiles dans la vie de tous les jours, même lorsqu’on possède un chien qui n’a aucun instinct de poursuite : il s’agit du minimum syndical en termes d’éducation canine. Mais c’est d’autant plus essentiel dans le cas de la prédation. En effet, comment faire revenir vers soi un animal qui s’élance sur une proie s’il ne connait pas du tout le rappel ?
La traque est un renforçateur très puissant, qui va entrainer une motivation de plus en plus importante chez le chien. Alors, pour lui donner envie de revenir vers vous et donc d’arrêter de chasser, il faudra lui apprendre le rappel et trouver une récompense très intéressante pour lui… Ce qui est simple s’il n’a jamais mené la séquence de prédation à son terme, mais qui peut être très complexe s’il a l’habitude de chasser !
Si le rappel peut être compliqué à mettre en pratique lors de la chasse, car il demande à l’animal de tourner le dos à sa proie pour retourner vers son maitre, un autre ordre peut vous aider : c’est le « couché » à distance. Cet exercice va lui permettre de conserver le contact visuel avec sa proie, tout en se mettant en sécurité. Vous aurez ainsi plus facilement la possibilité de le rattraper, ou de le faire revenir si la proie prend la fuite.
Des solutions temporaires
Si votre chiot ou votre chien possède un bon instinct de prédation, il est important de travailler les ordres de base que sont le rappel et le « couché » à distance, ainsi que le contrôle des émotions de façon régulière et dans des lieux sécurisés. Mais cela peut être long à mettre en place. Aussi, dans un premier temps, plusieurs solutions s’offrent à vous pour limiter le risque :
- Ne le laissez pas au contact visuel des choses qui le stimulent : si par exemple il est très excité de voir courir les enfants de votre quartier devant chez vous, vous pouvez utiliser un brise-vue, ou lui trouver une place plus au calme avec moins de stimuli ;
- N’hésitez pas à lui mettre la muselière lors des sorties : même si votre compagnon n’est pas méchant, cela peut permettre de prévenir un drame, notamment si son attention est focalisée sur les personnes, ou encore les autres animaux de compagnie ;
- Privilégiez les promenades en laisse, voire en longe longue pour lui donner un peu plus de liberté et en profiter pour travailler le rappel en extérieur plus sereinement ;
- Si possible, évitez ses ‘proies’ favorites pendant quelque temps ;
- Vous pouvez également acheter un collier GPS, au cas où votre chien fugue.
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Ne pas hésiter à se faire aider par un spécialiste
Si l’instinct de prédation de votre compagnon est trop difficile à gérer, et qu’il met en danger autrui, il est capital de se faire accompagner par un éducateur ou un comportementaliste. En effet, un accident est vite arrivé, même avec un chiot ou un animal de petit gabarit. Si vous n’avez que peu d’expérience, vous pourrez trouver conseil auprès de structures spécialisées comme des « écoles du chiot« , qui pourront vous aider.
Conclusion
L’instinct de poursuite, bien qu’étant un comportement normal du chien, n’est pas à prendre à la légère. Mais pas d’inquiétude, avec une bonne socialisation et une éducation basée sur le renforcement positif, vous limiterez les risques que votre toutou se transforme en méchant prédateur !