Le mâtin de Naples, ou Neapolitan Mastiff, appartient au groupe des pinschers, schnauzers, molossoïdes et bouviers suisses. Probablement l’avez-vous déjà remarqué à la télévision ? Cette race apparaît effectivement dans la saga culte de Harry Potter sous le nom de Crockdur, l’adorable molosse du garde-chasse Rubeus Hagrid. Dans le jeu télévisé Fort Boyard, un mâtin napolitain appelé Samson a également dû vous faire craquer dans les années 1995 et 1996. Il se rendait utile en apportant la liste des candidats au Père Fouras et montrait une fidélité exemplaire à son maître La Boule. D’ailleurs, ce gros nounours séduira tous ceux qui recherchent avant tout un pot de colle.
Malgré son calme légendaire, il se révèle être un très bon chien de garde grâce à sa grande force de dissuasion. Qui oserait s’approcher de cet animal pouvant peser jusqu’à 90 kilos ? Sa carrure lui permet aussi de se distinguer en tant que chien de protection, doté d’un grand courage. Enfin, son immense tolérance et sa gentillesse infinie font de lui un merveilleux compagnon pour toute la famille.
Les caractéristiques du Mâtin de Naples
Lourd, puissant et trapu, le mâtin de Naples arbore un tronc plus long que la hauteur au garrot, avec une croupe spectaculairement charpentée. Le poitrail dévoile des muscles pectoraux joliment développés. Il n’est pas rare de trouver des mâles pesant plus de 100 kilos ! Néanmoins, le standard impose une taille variant de 65 cm à 75 cm, pour un poids de 65 kilos à 70 kilos. Mesurant entre 60 cm et 68 cm, la femelle en impose tout autant par sa carrure. L’aiguille de la balance oscille en moyenne entre 50 kilos et 60 kilos. Mais comme pour les mâles, certaines peuvent peser jusqu’à 80 kilos.
La tête de ce molossoïde est large et courte, dotée d’un crâne rond allant en s’aplatissant vers les oreilles. De forme triangulaire et plates, ces dernières sont attachées très au-dessus de l’arcade zygomatique et semblent petites, comparé à la masse du dogue. Elles sont accolées aux joues et lorsqu’elles sont coupées, les oreilles deviennent un triangle presque équilatéral. Droit et pratiquement carré, le museau se termine par une truffe volumineuse dont la couleur est en lien direct avec celle de la robe. Il est orné de babines pendantes de façon presque caricaturale et de lèvres très charnues, dont le point de rencontre forme nettement un V renversé. Quant au stop, on ne peut que remarquer qu’il est bien marqué, séparant des yeux très écartés l’un de l’autre. L’iris est un peu plus foncé que les poils, à l’exception des sujets à la robe de teinte diluée.
Plissée et épaisse, la peau est ample sur l’ensemble du corps et laisse apparaître des rides caractéristiques sur l’ensemble de la face. Elle abonde tout spécialement au niveau des sourcils, venant légèrement cacher le dessus des yeux. Le cou est particulièrement court et bien musclé, pourvu d’un double fanon. Bien que la queue puisse être laissée longue, elle est habituellement coupée à environ deux tiers. Dans tous les cas, elle est grosse à sa racine pour s’amincir subtilement à son extrémité. Elle est portée en sabre pendant au repos, et se relève à l’horizontale lorsque le chien est en action.
Dense, dur et ras, le pelage du mâtin napolitain est uniformément lisse et serré, totalement dépourvu de franges. La couleur du poil peut être noir, gris plomb, brun, fauve, fauve intense ou encore noisette, tourterelle et isabelle. Le bringé est courant sur toutes les robes et les taches blanches ne sont pas exclues au niveau du poitrail et sur les orteils.
Origine
Comme tous les molossoïdes, le mâtin de Naples a très certainement pour ancêtre l’ancien Dogue du Tibet. Fidèle compagnon de Cyrus ou encore des navigateurs phéniciens, le mâtin napolitain a vaillamment combattu aux côtés d’Alexandre le Grand avant d’arriver dans le sud de de la péninsule italienne au 1er siècle.
Connu sous le nom de Mastino Napoletano, ce dogue imposant et majestueux est devenu gladiateur dans les jeux du cirque et a longtemps animé les arènes du Colisée à Rome, rivalisant avec des ours et autres lions. Il servait dans le même temps les légions romaines, protégé par un bardage en cuir. Certains riches propriétaires l’utilisaient pour garder leur domaine. C’est d’ailleurs cette dernière fonction qui lui a permis de survivre après le déclin de l’empire romain. En effet pendant les guerres de conquêtes, il était considéré comme une véritable arme. Les adversaires devaient affronter des meutes complètes à la férocité redoutable.
Au Moyen Age, il est toujours un virulent combattant et gardien, jusqu’à ce qu’au 19e siècle, le mâtin de Naples regagne les campagnes de la région napolitaine. Il peut alors profiter d’un quotidien plus paisible en accompagnant les bouchers dans leur travail, tout en continuant à occuper son rôle de gardien dans les grandes propriétés. Les fermiers de Campanie ont également vu en lui un bon gardien de troupeaux et de protection.
Cependant, la pauvreté qui régnait dans le sud de l’Italie a failli faire disparaître la race. Les effectifs diminuèrent petit à petit puis, l’écrivain et cynophile Piero Scanziani décida de sélectionner les meilleurs sujets dès 1933 pour donner un nouvel élan à la race. A cette époque, le vétérinaire Ruggero Soldati quitte Trévise pour s’établir dans le sud du pays. Le molosse aux caractéristiques typiques a instantanément retenu toute son attention. Il se lança alors dans un projet de standard, ayant lui aussi en tête de lutter contre l’extinction de la race. En 1946, Piero Scanziani présenta pour la première fois ses plus beaux chiens à l’exposition canine de Naples, qui se sont immédiatement fait remarquer auprès du public. C’est ainsi que le mâtin de Naples a été développé et diffusé au-delà des frontières de l’Italie. L’Ente Nazionale per la Cinofilia d’Italia reconnaît finalement la race en 1949.
Il faudra patienter la fin des années 1960 pour que le mâtin napolitain accède à une certaine popularité en France. En 1976, le Livre des Origines Françaises consigna les premiers chiots. Le standard en vigueur de la Fédération Cynologique Internationale date du 19 Novembre 1991. Mais aujourd’hui encore, ce dogue au gros cœur demeure bien trop méconnu dans l’Hexagone. De plus, certains passionnés désirent préserver son allure massive et son look plissé, alors que d’autres souhaiteraient un chien plus sportif avec une peau moins lâche.
Mâtin de Naples : Caractère
S’agissant du plus calme des molossoïdes, le mâtin de Naples est un chien particulièrement équilibré et loyal. Courageux, sûr de sa force et excessivement protecteur, il se montre méfiant vis-à-vis des étrangers mais ne mordra jamais sans raison. Loin d’être inutilement agressif, ce dogue au physique dissuasif est un excellent gardien qui fait preuve de vigilance à toutes épreuves. Il ne faut donc pas se fier à son air tranquille ! Surtout que ce molosse adore tellement son maître qu’il serait prêt à donner sa vie pour lui. C’est donc tout naturellement qu’il ne tolèrerait en aucun cas qu’on puisse le menacer.
Le gabarit hors-norme du mâtin napolitain impose nécessairement le respect, si bien que ces moindres gestes sont remplis de noblesse. Il suffit de le contempler pour se sentir envahi par un grand sentiment de plénitude. Très affectueux, dévoué et fidèle envers sa famille, il se révèle être un merveilleux compagnon extrêmement doux et patient avec les enfants. Ce gros pot de colle très câlin possède un instinct de protection si développé qu’il faut tout de même veiller aux éventuels débordements durant les parties de jeu avec son petit maître.
Conditions de vie du Neapolitan Mastiff
Le mâtin napolitain convient à toutes les situations familiales, l’idéal étant un maître qui peut consacrer du temps à la promenade. Ce qu’il aime par-dessus tout, ce sont les caresses et qu’on lui porte toute notre attention. Ce molosse très attachant n’est toutefois pas sportif. Il passe beaucoup de temps à dormir, sans pour autant se contenter d’un espace vital trop restreint. Ainsi, l’appartement n’est pas fait pour lui, même s’il aboie peu. Il n’aime pas rester longtemps enfermé et réclamera de se dépenser au quotidien, ce qui est indispensable à son bon comportement. Si vous adoptez un mâtin de Naples pour garder votre propriété, vous devrez prévoir un abri afin qu’il puisse se protéger des intempéries. Mais veillez à ne pas le laisser seul du matin au soir, car il a besoin de la présence humaine. Enfin, il est dominant avec ses congénères et une cohabitation avec un autre mâle peut s’avérer compliquée.
Santé
Robuste, le mâtin de Naples a une belle espérance de vie de 11 ans. A cause de ses nombreux plis, il peut être sujet aux affections dermatologiques, ou encore aux maladies oculaires telles que l’entropion ou l’ectropion. Comme la plupart des grands chiens, la dysplasie de la hanche est à surveiller dès le plus jeune âge. Malgré qu’il soit rustique et même si les éleveurs sélectionnent rigoureusement leurs chiens, il peut aussi rencontrer des problèmes de cardiomyopathie dilatée. Ce molosse aux rides bien distinctives est souvent victime d’hypertype, certains éleveurs cherchant à accentuer à l’extrême les plis au niveau de la tête. Le mâtin de Naples peut également souffrir de torsions et dilatations de l’estomac, mais aussi d’obésité. Il est donc essentiel de bien surveiller son alimentation et de lui laisser un libre accès à un jardin pour se dépenser.
Etant donné que sa croissance est rapide, vous devrez proposer à votre chiot une gamelle plus remplie que lorsqu’il aura atteint l’âge adulte. Durant sa première année, vous ajouterez un complément minéral vitaminé et augmenterez le ratio calcium / phosphore pour préserver son ossature et ses muscles. Enfin, vous lui installerez un couchage douillet, afin d’empêcher l’apparition de callosités disgracieuses aux coudes et aux jarrets.
Finalement, il est nécessaire de prévoir un gros budget santé pour un mâtin napolitain, du fait de la posologie conséquente. Sachez aussi que cette race supporte mal les anesthésies, qui peuvent conduire au décès. Ainsi, il sera préférable de prévoir une anesthésie gazeuse.
Dressage
Intelligent et dévoué à son maître, le mâtin de Naples est très attentif à ses ordres à condition qu’il ait accepté tôt son autorité. Il doit donc bénéficier précocement d’une éducation très ferme et appropriée, sinon il pourrait se montrer plutôt capricieux. Une main de fer dans un gant de velours est indispensable, pour éviter de vous confronter à son obstination. En outre, ne dressez surtout pas à l’attaque ce chien au caractère fort, car il pourrait devenir véritablement dangereux.
Le chiot doit apprendre tout de suite à marcher en laisse et se familiariser avec tout type de lieux. Sa sociabilisation ne doit pas être prise à la légère. Habituez votre nouveau compagnon à voir du monde et à côtoyer d’autres animaux, ce qui permettra d’atténuer son hostilité particulièrement envers les autres chiens.
Avant de décider d’adopter un mâtin napolitain, il est vivement recommandé d’avoir déjà été propriétaire d’un grand chien.
Découvrez notre livre « A Chacun son chien » pour en savoir plus sur les différentes races de chien
- Alves, Elise (Auteur)
Quelques conseils
Les élevages en France sont peu nombreux. Il faudra donc être patient avant d’accueillir votre chiot ou prendre la décision de le chercher en Italie. Demandez systématiquement à l’éleveur une radiographie des hanches.
Avant tout, vous devez prendre conscience que la taille imposante du mâtin napolitain vous posera quelques difficultés au quotidien. Vous ne pourrez pas l’emmener partout avec vous, sans parler des sorties au restaurant ou autres nuits à l’hôtel qui sont inenvisageables. Un véhicule spacieux est également à prévoir. Notez qu’il bave beaucoup à cause de ses babines tombantes, surtout au moment de la prise des repas.
L’entretien du mâtin de Naples n’est pas contraignant. Il exige simplement un brossage régulier pendant les mues et un nettoyage fréquent de ses plis, principalement au niveau des paupières. Un ou deux shampooings par an est suffisant.
Si vous avez besoin de plus amples informations, n’hésitez pas à prendre contact avec les membres du club de race. Vous pouvez aussi vous rendre sur le site du club du mâtin de Naples ou sur celui de l’Atimana consacré à la Mondiale de la race.
Crédit photo : Dogs – stock.adobe.com