Egalement appelé mastiff tibétain, chien de montagne du Tibet ou do-khyi par les Tibétains, le dogue du Tibet appartient au groupe des pinschers, schnauzers, molossoïdes et bouviers suisses. Ce fabuleux chien de garde et de berger rencontre un grand succès en Chine, où il représente un signe extérieur de richesse. D’ailleurs, la race détient le record du chiot le plus cher de la planète, avec un prix pouvant atteindre un million et demi de dollars. Surtout, le dogue du Tibet est apprécié pour son look de gros nounours protecteur mais aussi pour son tempérament calme et docile. Si vous aussi avez craqué pour cette grosse boule de poils, voici tout ce qu’il faut savoir sur les besoins fondamentaux d’une race que l’on peut qualifier de singulière… et spectaculaire par ses dimensions hors du commun !
Les caractéristiques du mastiff tibétain
Le dogue du Tibet est un chien de grande taille façonné pour supporter les rudesses montagnardes. Son corps est effectivement fort et recouvert d’une fourrure généreusement fournie. En hiver, le sous-poil laineux et abondant devient plus étoffé, ne faisant qu’accentuer son allure de nounours. Le cou bien galbé du mastiff tibétain ne doit pas avoir trop de fanon. En revanche, celui-ci est garni d’une crinière dense s’étalant jusqu’aux épaules et qui rappelle nécessairement celle du lion. Cette particularité n’est toutefois pas aussi prononcée chez la femelle. Les membres postérieurs sont eux aussi sublimés par des poils abondants, qui forment de grandes franges à l’arrière des cuisses. Sa longue robe est constituée de poils droits, épais et durs pouvant être de diverses couleurs : noir intense marqué de fauve ou non, bleu avec ou sans marques de feu, rouge ou zibeline soit brun sable chaud. Une étoile blanche sur le poitrail est admise bien qu’en Chine, le standard accepte le pelage intégralement blanc. Les tâches feu sont présentes au niveau des sourcils, sur le bas des membres inférieurs et la face intérieure de la queue.
Le mâle mesure entre 66 cm et 71 cm au garrot. S’agissant de la femelle, sa taille va de 61 cm à 68 cm au garrot. Pesant l’un comme l’autre entre 55 kilos et 82 kilos, ils arborent tous deux une tête massive avec une protubérance occipitale bien apparente, une silhouette puissamment musclée ainsi que des membres droits et trapus, bien d’aplomb. La poitrine est assez large et haute, tandis que la croupe est ample et relativement plate. De type mâtin, le large museau présente une truffe foncée en accord avec la robe et carrée en harmonie avec le crâne légèrement arrondi. Le stop est bien marqué, séparant des yeux ovales et bruns, de dimension moyenne et bien écartés, qui expriment une immense dignité. Selon la couleur de la fourrure, l’iris peut se décliner dans toutes les nuances de marron, le plus foncé demeurant le mieux. De longueur moyenne et de forme triangulaire, les oreilles lisses retombent de chaque côté de la figure et sont attachées entre le crâne et l’œil. Lorsque le chien est en éveil, elles sont portées vers l’avant ce qui intensifie l’aspect gros nounours du dogue du Tibet. Sa grosse queue touffue est tout aussi imposante que le reste du corps. Insérée haut, elle vient s’enrouler avec élégance au-dessus du dos lui-même incroyablement musclé.
Dogue du tibet : les origines
Le dogue du Tibet est une race très ancienne qui existait déjà il y a de cela plus de 3 000 ans. En effet en 350 ans avant notre ère, Aristote décrivait déjà un molosse qui ressemble en tout point au mastiff tibétain, doté d’une force mentale et physique hors du commun. Alexandre le Grand en aurait d’ailleurs été l’heureux propriétaire. Puis, ce fut au tour de Marco Polo de mentionner sa présence lorsqu’il se rendit en Asie en 1271. Ses célèbres récits font l’éloge d’un canidé aussi grand qu’un âne et qui impressionne par son aboiement rauque, comparable au rugissement d’un lion.
Tous les écrits ancestraux rapportent que le dogue du Tibet serait né pour travailler aux côtés des bergers nomades de l’Himalaya. Il se montrait d’une grande efficacité pour protéger les troupeaux de moutons, de chèvres et de yacks qui n’avaient rien à craindre des prédateurs. Comme son nom tibétain l’indique, Do-khyi signifiant littéralement « chien de porte », il gardait également les monastères de cette région de hauts plateaux avec une patience infinie. Les ancêtres de ce chien colossal auraient en outre servi aux légions romaines, ce qui expliquerait sa carrure d’athlète.
Quelques éminents cynologues européens tels que Beckmann, Mégnin, Siber ou encore Bylandt et Martin se sont intéressés de près à l’histoire du dogue du Tibet et plus particulièrement à son rôle indissociable de la culture tibétaine. Certains ont affirmé qu’il serait l’ascendant de tous les mâtins et molossoïdes actuels, mais aussi des chiens de montagne. Cependant, il a été importé en Europe seulement au cours du 19e siècle surtout en Grande-Bretagne et en Allemagne, pour ne faire son apparition en France qu’en 1978. Quoi qu’il en soit, la race est restée quasiment inchangée depuis des millénaires. La seule différence est que le dogue du Tibet était beaucoup plus imposant qu’aujourd’hui. Un des premiers spécimens à débarquer en Occident fut un mâle offert par le vice-roi des Indes Charles Hardinge à la Reine Victoria, en 1847. Dans les années 1880, le roi d’Angleterre Edouard VII, alors empereur des Indes, fit apporter deux mastiffs tibétains au Royaume-Uni. Entre temps, la première portée à naître sur le continent européen a été enregistrée en 1878 au zoo de Berlin.
La race a finalement été enregistrée en Angleterre sous le nom de tibetan mastiff en 1980. Deux ans plus tard, les Allemands ont rédigé le standard officiel et ce n’est que dans les années 1990 que la France démarre l’élevage du dogue du Tibet.
Le caractère du chien de montagne du Tibet
Ne vous fiez pas à sa taille impressionnante, le mastiff tibétain apparaît comme étant le plus merveilleux des compagnons pour chacun des membres de la maisonnée. Gentil, doux et attentionné, il ne quitte jamais sa famille des yeux. C’est simple, il se sent immédiatement délaissé au point de ressentir une profonde souffrance, dès l’instant où vous vous trouvez hors de son champ de vue. Extrêmement intelligent et très équilibré, le dogue du Tibet est incroyablement fidèle, attachant et hyper protecteur. D’ailleurs, comme le dit si bien le proverbe tibétain : « Un maître de do-khyi peut tourner le dos, son chien sera toujours là pour le protéger ». Malgré le fait qu’il conserve une certaine indépendance et qu’il manifeste timidement ses sentiments, sa loyauté et son affection envers sa famille ne font jamais défaut. Sa patience, sa tolérance ainsi que sa douceur à l’égard des enfants sont sans limite et le mastiff tibétain fait toujours preuve d’un calme légendaire, même s’il se sent un peu malmené par les bouts de chou. Il en est de même s’agissant de ses congénères. Il ne cherche aucunement la bagarre mais se défendra uniquement s’il se sent agressé.
Puissant et doté d’un courage à toutes épreuves, le dogue du Tibet se révèle être un gardien incorruptible, faisant valoir sa force dans toutes les situations. Il n’a peur de rien et peut intervenir aussi bien en cas d’intrusion d’une personne qu’il ne connaît pas que d’un loup ou d’un léopard des neiges. Ce n’est sans compter sur son physique de titan, qui impose instantanément le respect et dissuade quiconque se hasarderait à pénétrer sur votre propriété sans y être convié. Lorsque le danger est réel ou encore qu’il estime que ses maîtres ne sont pas en sécurité, il n’hésite pas à attaquer quitte à devenir mordant. En conséquence, il ne s’agit pas d’un chien à mettre entre les mains des néophytes. Ceci est d’autant plus vrai pour les mâles, prêts à tout pour défendre leur territoire. Bien qu’il se montre assez méfiant vis-à-vis des étrangers, le dogue du Tibet est toujours heureux d’accueillir les amis de sa famille ! Pour autant, ne comptez pas sur lui pour des démonstrations d’affections. Tout comme un chat, il vient tranquillement réclamer des caresses après toute une journée à s’être montré indifférent.
Les conditions de vie
Grand par la taille et le tempérament, le dogue du Tibet ne peut pas se sentir pleinement épanoui dans un environnement urbain. Il se destine plutôt aux personnes disposant d’une maison avec un terrain, ce qui ne l’empêche pas de s’adapter à la vie en appartement s’il est promené très fréquemment et qu’il peut profiter d’un maître disponible. En effet, son bonheur réside principalement dans la présence de sa famille. N’imaginez donc pas une seconde pouvoir le laisser tout seul au fond du jardin ! Il n’est heureux qu’avec vous, alors n’hésitez pas à l’emmener partout avec vous. Il se fera une joie démesurée de vous suivre quelle que soit votre destination, même dans le cadre d’un voyage à l’autre bout du monde.
Pas vraiment sportif, le mastiff tibétain a néanmoins un immense besoin d’espace afin de dégourdir ses grosses pattes et évacuer son énergie. Son passé de nomade est toujours ancré en lui et il raffole plus que tout de pouvoir fureter ci et là, tout en gardant un œil bienveillant sur vous. En conséquence, les longues balades quotidiennes sont indispensables à son bien-être physique et mental, que vous habitiez en ville ou en milieu rural. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est accompagner son maître lors de ses sorties à la campagne, surtout en montagne durant la saison hivernale. Tranquille et paisible, il n’est pas vraiment friand d’exercice. Alors si vous enfourchez régulièrement votre vélo ou avez pour habitude de faire un footing tous les jours, sachez que l’endurance du mastiff tibétain n’est pas compatible avec ce type d’activité un peu trop ardue à son goût. En outre, ce géant velu est totalement inadapté pour des sports canins et n’est pas du genre à réclamer les jeux comme la balle ou le frisbee. Son besoin d’être en contact avec d’autres chiens est lui aussi certes vital, mais le dogue du Tibet s’essouffle si rapidement qu’il est bien souvent le premier à cesser de jouer.
Son activité de prédilection demeure bien évidemment la garde. Les novices doivent prendre conscience qu’il ne s’agit en rien d’un gros nounours qui n’attend qu’une chose, recevoir des câlins. Il suffit de le voir foncer sur des inconnus sonnant à votre porte pour constater qu’il est aussi capable de se métamorphoser en un véritable grizzly ! Les longs poils de sa crinière se mettent dès lors à gonfler, une technique dont lui seul connaît le secret et qui lui permet de se montrer encore plus intimidant qu’il ne l’est déjà. Seul son maître peut être en mesure de lui faire comprendre que les visiteurs sont les bienvenus. Le dogue du Tibet veille en permanence sur son territoire, préférant somnoler que dormir afin de se tenir prêt à bondir à tout moment. Il est encore plus vigilant la nuit, pensez alors à le rentrer pour préserver les oreilles de vos voisins de sa voix puissante ! De plus, il ne faut jamais oublier que sa place est à vos côtés.
La santé du dogue du tibet
Particulièrement robuste et résistant, le dogue du Tibet tombe rarement malade. D’ailleurs pour un molosse, il bénéficie d’une bonne espérance de vie qui atteint en moyenne 11 ans. Seule la démodécie, une pathologie de la peau provoquée par l’infestation d’un parasite des follicules pileux, peut éventuellement importuner ce colosse poilu. Il faut également faire attention aux affections oculaires ou encore à l’épilepsie. Comme tous les chiens de grande taille, le mastiff tibétain n’est pas non plus à l’abri de la dysplasie de la hanche. Il est donc primordial de ménager les efforts de votre chiot de moins d’un an, ceci afin de préserver son squelette. De même, surveillez scrupuleusement son alimentation car il ne doit pas se retrouver en surpoids, au risque de rencontrer des problèmes articulaires par la suite. Notez aussi que la race arrive tardivement à maturité et atteint sa taille définitive seulement vers 2 ou 3 ans. De ce fait, la femelle ne connaît qu’une seule période de chaleur par an.
Concernant la nourriture, le dogue du Tibet n’est pas très gourmand. Il est donc parfaitement envisageable de lui laisser sa gamelle à disposition sans redouter qu’il ne finisse par souffrir d’obésité. Dans tous les cas, il est essentiel de lui proposer des croquettes de qualité supérieure adaptées à son âge, son poids et son mode de vie. Ses rations peuvent bien évidemment être composées de viande crue, mélangée à des légumes verts et des féculents cuits.
Le pelage très fourni du chien de montagne du Tibet doit être brossé de manière énergique au minimum une fois par semaine. Profitez-en pour nettoyer ses oreilles tombantes, afin de préserver votre gros nounours des otites. En général au mois de mai, le mastiff tibétain subit une mue qui ne passe pas inaperçue. Le brossage devra alors intervenir plus fréquemment pour que sa somptueuse robe demeure propre mais aussi dans le but de garantir une peau parfaitement saine.
Le dressage du dogue du tibet
Cette race n’est pas recommandée aux personnes qui n’ont jamais été propriétaires d’un grand chien. En effet, le dogue du Tibet a un caractère très affirmé et sait tirer profit de son gabarit. Seul un maître juste peut lui convenir, quelqu’un qui doit être capable non seulement de se faire respecter mais aussi de se conformer à la nature d’un molosse unique en son genre. Son éducation doit donc être menée avec fermeté, d’autant plus qu’il est très têtu et peut être dominant. De même, il est assez indépendant et fait un peu ce qu’il veut quand il le désire. Il est fondamental de lui montrer dès le début que c’est vous le chef de meute et lui indiquer sa place dans la hiérarchie familiale, pour une vie harmonieuse au sein du foyer. Peut-être est-ce dû au fait qu’il restait dans les camps des nomades avec les femmes et les enfants pendant que les hommes partaient pour vendre leurs produits, mais le mastiff tibétain accepte plus volontiers les ordres donnés par la gente féminine. Pour autant, demeurez implacable quoi qu’il advienne afin de rester maître de votre chien. Très observateur, il anticipe chacune de vos réactions même s’il semble totalement désintéressé.
Il est impératif de faire preuve d’une profonde patience et de persévérance au quotidien, car le dogue du Tibet devient mûr relativement tard. Il vous appartient de le convaincre à agir en utilisant des méthodes douces. Essayez de désamorcer calmement les moments sous tension, sans vous énerver. S’il a été puni à tort, attendez-vous à le voir bouder durant une journée entière ! Tout dressage par la brutalité est voué à l’échec et anéantirait sa confiance envers vous, rendant votre fidèle molosse encore plus difficile à approcher. Mais surtout, l’indépendance du mastiff tibétain fait qu’il ne pourra jamais être totalement sous le contrôle de son maître. Il est alors totalement inutile d’espérer obtenir un chien doué d’obéissance comme un berger. Familiarisez-le dès son plus jeune âge à ces accessoires et travaillez consciencieusement la promenade à la laisse. Sinon une fois adulte, votre gros nounours tirera si fort que les sorties se transformeront en un véritable calvaire. Gardez toujours à l’esprit que le dogue du Tibet pèse plus d’une soixantaine de kilos et que seule une éducation précoce reste la clé d’une vie sereine aux côtés du plus fantastique des chiens de famille.
Dans l’optique de sociabiliser votre futur compagnon à quatre pattes et d’adoucir son tempérament quelque peu sauvage, l’éleveur intervient dès sa naissance. Il vous appartient ensuite de le mettre immédiatement au contact avec les membres de votre famille mais aussi les autres colocataires à poils ou à plumes vivant sous votre toit. Fréquentez les lieux publics et laissez les gens ainsi que les animaux s’en approcher. Il s’agit du meilleur moyen pour en faire un adorable compagnon bien dans sa tête et dans ses pattes, dénué d’agressivité et qui ne sera aucunement tenter de mordre pour se défendre. Prenez également le temps d’habituer votre dogue du Tibet à vos absences répétées. Commencez par quitter la maisonnée quelques minutes et augmentez progressivement la durée. Laissez-lui des jouets à disposition ainsi que des friandises à mâchouiller. Le soir venu, accordez-lui un instant pendant lequel vous ne vous occuperez que de lui. Les caresses et autres câlins sont à prodiguer à volonté, surtout s’il s’est montré sage toute la journée !
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- Alves, Elise (Auteur)
Quelques conseils
L’instinct grégaire du mastiff tibétain étant très développé, il est nécessaire de prendre conscience qu’il a besoin de contact avec d’autres animaux, quelle que soit l’espèce. Afin de contribuer au mieux à l’épanouissement de votre adorable canidé, il est donc préférable que votre foyer compte déjà d’autres boules de poils.
Le dogue du Tibet est intraitable pour la garde. N’essayez surtout pas de le dresser pour la défense ou il deviendrait sans aucun doute une arme dangereuse aux crocs acérés. Même avec une bonne éducation, votre chien reste naturellement méfiant avec les inconnus qui pénètrent sur son territoire. Mais en dehors de sa propriété, il témoigne d’une totale indifférence aux passants.
La race est encore peu populaire en France et a pratiquement disparu du Tibet. Ceci s’explique principalement par l’entretien qu’exige un chien aussi corpulent. De ce fait, il peut être complexe de trouver un élevage et lorsque vous déciderez de vous lancer dans l’adoption de ce gros nounours, vous remarquerez que la plupart des éleveurs sont installés en Angleterre. Dans tous les cas, méfiez-vous des foires où il est courant d’injecter du glucose dans les pattes des chiots, ceci afin de les rendre plus impressionnants et ainsi pousser à la vente.
Crédit photo : jagodka – stock.adobe.com
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